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Quelle image de la marche nordique ?


La marche nordique fait partie de ces activités dont l’image est floue. Elle génère parfois une certaine forme d’amusement, voire de condescendance de la part des coureurs à pied, une incompréhension de la part de randonneurs, de la perplexité de la part du grand public qui y voit des skieurs de fond sans ski…

Elle peut être assimilé soit à une activité « pépère », plutôt destinée aux anciens, soit à une pratique santé, éventuellement fitness, à une activité sociale proche de la randonnée en club et plus rarement à un sport à part entière.

Cette confusion provient probablement du fait que la marche nordique peut être tout ça à la fois. Son image dépend en fait de l’expérience qu’on en a eu ou pas.

Par ailleurs de nombreux témoignages et opinions de « marcheurs nordiques pratiquants » démontrent aussi la diversité des pratiques, les aspects positifs et les critiques qu’on peut formuler à l'encontre de chacune d'elles.


Je peux apporter ici un témoignage personnel sur la la perception que j’avais avant de pratiquer (il y a un peu plus de deux ans) et aujourd’hui après avoir « attrapé le virus ».

Venant du milieu du trail (et un peu « touche à tout » au niveau des pratiques sportives, surtout nature (VTT, orientation, raid multisports...), j’avais l’image du « sport pépère » largement répandue. Un ami coureur mais aussi marcheur nordique depuis longtemps, n’avait jamais réussi à me convaincre d’essayer. Ce sont les blessures à répétitions (et le poids des ans) qui m’ont contraint à tenter le coup. D’abord en faisant « n’importe quoi », en marchant vite avec des bâtons. Puis un essai dans un club, avec quelques séances « pour voir ». Et là :

Douche froide pour le premier contact, qui n’a fait que confirmer mon a priori !!! J’ai encore en mémoire la réflexion qui m’est venue spontanément en découvrant le groupe à l’occasion de la première sortie de la saison : « Ça ne va pas le faire ; je suis tombé dans un club du 3ème âge !!!».

Hormis quelques exceptions (surtout féminines), les cheveux étaient bien grisonnants, sinon blancs (au moins ceux des hommes). J’ai repris mes esprits, en me disant que ma présence n’aurait pas d’influence sur la moyenne d’âge du groupe, sauf peut-être à l’augmenter !?

Cette première sortie (et les suivantes) avec le groupe le plus rapide m’ont rapidement montré que « les vieux » étaient bien toniques. J’y ai tout de suite trouvé mon compte au plan physique ; j’ai même fait connaissance avec des muscles que je ne connaissais pas : ceux de mes fesses. Je n’avais jamais eu mal là en courant ! Il parait qu’on « déguste bien » aussi, à ses débuts, au niveau des bras et des épaules. Pas de souci en revanche de ce côté grâce aux séances régulières de natation que je n’ai jamais abandonnées en périodes de blessures : les mêmes groupes musculaires des épaules et des bras (deltoïdes et triceps) sont sollicités dans le mouvement du crawl.


J’ai donc basculé très vite du scepticisme à la passion.


L’image que je me suis forgée (et que je souhaite faire partager) au fil de séances variées, en groupe ou seul, c’est la diversité des attentes auxquelles répond la marche nordique : une vraie pratique sportive, pour améliorer ou maintenir une bonne condition physique ; la possibilité, si on le souhaite, de se faire plaisir en portant un dossard dans l’ambiance d’une compétition, même à un « âge avancé » ; la possibilité de se fixer des défis et se dépasser à l’occasion d’ une sortie exceptionnelle ; la liberté de s’offrir des superbes moments pour profiter de la nature, se retrouver avec soi, laisser son esprit vagabonder (ou au contraire nourrir une réflexion) et bien sûr la convivialité du groupe, une constante dans presque toutes les formes de pratiques.


Clarifier l’image de la marche nordique ?

Compte tenu de tout cela, il me semble que ce n’est ni possible ni souhaitable. Quelle image donner ? Pourquoi ? Ce serait à mon avis contre-productif et au contraire une façon d’enfermer la pratique dans une direction et nier les autres.

En revanche, ce qui me paraît utile, c’est de clarifier les formes de pratiques et leurs objectifs, que ce soit au niveau des fédérations, clubs ou coaches privés qui les proposent. Certains qui recherchent une pratique sportive sont déçus par une proposition trop orienté fitness, trop rando ou trop « papotage » ; au contraire d’autres qui viennent pour du « lien social » et faire accessoirement un peu d’activité physique vont être écœurés par une pratique trop « speed ». Ce qui compte, c’est qu’il n’y ait pas de « tromperie sur la marchandise » pour que chacun trouve ce qu’’il est venu chercher, voire un peu plus. Mais encore faut-il pour cela être clair dans « l’offre de service ».


Les formes de pratique de marche nordique.

C’est un sujet compliqué qui peut facilement diviser. Pour parler de marche nordique, il faut au moins un socle minimal : « les bâtons qui vont bien », évidemment, et quelques principes techniques de base à respecter dans « le geste » (sinon une application rigoureuse des règles édictées par la FFA). Au-delà, on peut nuancer en pratiques diverses, bien différentes dans leur esprit et leur finalité. Je n’ai pas de légitimité pour les baptiser mais je tente de les qualifier ici :

- La MN, en compétition officielle « figure imposée ». Chez nous, ce sont les compétitions labellisées par la FFA avec le respect de toutes subtilités des règles édictées et un strict (!?) contrôle par des juges. Elle impose pour cela, le plus souvent, un parcours composé de plusieurs boucles. Et pourtant ce n’est pas si simple, on le voit bien à travers les débats et contestations. Ici c’est le chrono, le classement et le respect de la réglementation qui priment sur le paysage !

- La MN chronométrée avec classement sur des compétitions non officielles, de plus en plus souvent adossée à l’organisation de trails. Là aussi l’esprit de compétition fait partie du jeu, mais sur des parcours plus variés. Pas de juge, donc pas de contrôle et donc plus (+) de tricheurs (conscients ou non) allant de pratiques de marche rapide non conformes jusqu’à de vrais tricheurs qui se mettent à courir ou trottiner. Le classement a donc moins de sens que sur une compétition officielle ; il n’en demeure pas moins que les compétiteurs se « donnent à fond » tout en découvrant un parcours plus varié qu’une succession de boucles.

- La MN « organisée » non chronométrée (avec une inscription sans certificat médical). Elle aussi souvent adossée à un trail, en permettant de bénéficier de l’organisation et du balisage pour effectuer une belle sortie, sans esprit de compétition, juste pour le plaisir et pour découvrir des sentiers et des paysages. Pas de triche donc, mais pas forcément toujours une pratique conforme non plus.

- Le « trail MN » permettant de s’aligner aussi sur de très longues distances (jamais proposées en épreuves de marche nordique classique). Aucune obligation de toujours « marcher nordique », on peut alterner avec des séquences de course ou de marche rapide. On est là dans une pratique totalement « libre » ; seule l’utilisation des bâtons et de la technique de la MN sur certaines portions différencie du trail classique. Le classement est commun à celui des trailers. Aucun espoir donc de faire un podium ; l’enjeu est plutôt de rester dans le tempo des différentes barrières horaires imposées sur les trails longue distance.

- La MN « rando-trek » en groupe informel ou pas, sur de grandes distances mais avec un caractère sportif -bien que sans enjeux de compétition- qui la différencie de la randonnée. Elle privilégie la découverte et la beauté du parcours sans oublier la technique de MN.

- Les séjours spécialisés « tout compris », qui allient pratique de la MN, rencontres, découverte et tourisme.

- Les différentes formes de pratiques santé, fitness et ludique, notamment proposées par la FFA : Nordic Fit, Nordic relais. Ou encore le bungy pump pour travailler plus spécifiquement le haut du corps. Ou des tentatives d’adaptations d’autres pratiques avec l’aide des bâtons comme le Nordic Yoga. On ne parle plus de compétition ni de sorties en marche nordique mais d’un travail spécifique (cardio, renforcement musculaire, assouplissement, d’équilibre, relâchement, concentration…). Ces pratiques peuvent aussi être proposées en « sport adapté ». Là on se fiche du paysage, même si c’est mieux quand même dans un environnement sympa !

- La MN d’entrainement spécifique (technique de marche, VMA, seuil, côtes, …)

- La MN « sociale », qui privilégie la convivialité à la dimension sportive, avec malgré tout une pratique plus intense que la randonnée.

- La MN « zen », propice à la concentration sur ses sensations, la proximité avec la nature, voire à la méditation.

… ET J’EN OUBLIE CERTAINEMENT

Cela ne doit pas conduire pour autant à créer des ségrégations ou des guerres de clocher. On peut allègrement passer d’une pratique à l’autre si on le souhaite, et je pense que c’est souhaitable pour en apprécier toutes les vertus. Il vaut mieux « construire des ponts et non des murs » selon la formule consacrée.


En conclusion

Il est clair qu’aucune « IMAGE unique » ne peut rendre compte de tout cela. Et vouloir en promouvoir une, ce serait donner de la marche nordique une dimension trop restrictive, tout le contraire de ce qu’elle nous propose et de ce qui en fait l’intérêt, quelles que soient les motivations et les capacités de chacun.

Tout au plus pourrait-on rêver d’une classification des formes de pratique, d’un « tableau des publics concernés et des bénéfices potentiels » qu’ils peuvent en attendre, d’une communication partagée par tous.

Cela restera une utopie, un « vœu pieux » : aucune structure n’a la légitimité pour le faire et encore moins pour l’imposer aux autres et trop de parties prenantes ont à promouvoir leurs propres intérêts.

Donc, marchons comme on aime le faire et allons aussi explorer d’autres pistes.

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